La polémique de ces dernières semaines autour des congés inattendus de Jean-Michel Blanquer à Ibiza a mis en lumière une réalité presque oubliée. Oui, les ministres ont aussi le droit de partir en vacances. Mais ce statut particulier impose un calendrier bien défini et oblige les concernés à accepter certaines restrictions.

Quel contrat pour les membres du gouvernement ?

Les membres du gouvernement sont des fonctionnaires, mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, ils ne signent pas de contrat de travail. Le gouvernement est constitué et mobilisé par le premier ministre, et les membres sont nommés par un décret présidentiel. Il s’agit donc d’une situation bien particulière, avec une réglementation spécifique beaucoup plus flexible, pour permettre au gouvernement de s’adapter aux situations de crise en cas de besoin.

Comment sont fixées les règles pour les congés des ministres ?

En tant qu’agents de la fonction publique, les ministres bénéficient de congés fixés réglementairement et reçoivent des consignes de la part du gouvernement. Les dates de départ en vacances sont généralement prévues à l’avance, et les ministres doivent fournir leurs coordonnées afin de rester joignable à tout moment en cas d’urgence. Des permanences sont également assurées pendant leurs absences.

Les consignes changent en fonction des besoins, et des restrictions de voyage sont souvent mises en place afin de limiter les vacances à l’intérieur de l’espace Schengen ou du territoire français. Une présence sur le terrain est également exigée pour certains ministres malgré leurs vacances, notamment en ce qui concerne la gestion de la crise sanitaire et des autres dossiers importants.

Des circulaires sont régulièrement adressées aux membres du gouvernement afin d’ajuster les dates consignes en fonction de l’actualité et des points chauds à traiter en Conseil des Ministres. Il n’est pas rare pour un ministre de devoir emporter des dossiers de travail sur son lieu de vacances.

Les ministres partent-ils en vacances ?

5 ans sans faire de pause, cela ressemble à un marathon. Si les ministres n’ont pas vraiment le temps de se déconnecter, ils s’accordent tout de même des jours de congés en dehors de la capitale quand ils le peuvent, et le plus souvent pendant l’été.

En 2021, le Covid forçait les ministres à rester en France pendant les vacances d’été. Le président Emmanuel Macron avait su l’exemple avec des congés studieux passés au Fort de Brégançon. D’autres ministres avaient fait leurs valises l’été dernier pour se rendre dans des régions ensoleillées comme la Corse (Marlène Schiappa, Gabriel Attal), les Pyrénées-Orientales (Jean Castex) ou encore L’Île de Ré (Jean-Baptiste Djebbari).

Ces vacances restent souvent studieuses et connectées, sous la direction du gouvernement. Un ministre en congés doit pouvoir se rendre disponible en cas d’urgence et répondre présent sur le terrain si nécessaire.

Jean-Michel Blanquer était-il en tort pendant ses congés ?

Amateur de vacances à l’étranger, le ministre de l’Éducation a récemment décidé de passer une semaine à Ibiza. Au moment d’annoncer les nouveaux protocoles sanitaires dans les écoles pour la rentrée de janvier, il s’est heurté à une polémique fondée autour d’une certaine déconnexion vis-à-vis de la réalité du terrain.

Sur le plan légal, le ministre n’a strictement rien à se reprocher. Le gouvernement impose à ses membres de ne pas être à plus de deux heures de Paris et de pouvoir être joignable à tout moment, ce qui était le cas.

La virée de Jean-Michel Blanquer est surtout une erreur de communication politique, qui n’est pas sans rappeler certains faits d’armes d’anciens membres du gouvernement. En 2019, c’était Élisabeth Borne qui faisait la une des journaux pour sa virée à Marrakech, alors en pleine discussion avec les syndicats ferroviaires. De quoi décrédibiliser certains discours.