En 1982, la France est officiellement passée à 5 semaines de congés payés, suite à une ordonnance de François Mitterrand. Depuis, cette norme s’est installée dans les pratiques comme une évidence. Mais qu’en est-il de cette 6ème semaine encore réclamée par beaucoup ?
Cette 6ème semaine est déjà une réalité pour beaucoup
Selon une étude menée en 2017, les français travaillant en CDI prennent en moyenne 32 jours de congés payés par an. Un peu plus de 6 semaines donc, en comptant les RTT. Mais cette moyenne masque de grandes inégalités entre les classes sociales. Les salariés cadres, plus âgés et travaillant dans de grandes entreprises profitent d’un grand nombre de jours de repos. Même constat pour la fonction publique, qui affiche une moyenne de 44 jours par an pour les fonctionnaires. De l’autre côté de la balance, les ouvriers et les salariés jeunes restent généralement bloqués à 5 semaines, en exerçant souvent des métiers à grande pénibilité. Ce sont ces fortes inégalités qui sont visées par les défenseurs de la 6ème semaine de congés payés.
Instaurer une 6ème semaine de congés : quelles conséquences ?
Imposer aux entreprises une 6ème semaine de congés payés pour leurs salariés n’est pas sans risques. Si la mesure permettrait de créer rapidement environ 40000 emplois en France, de grosses pertes seraient également à anticiper sur le court terme, à la fois pour les finances publiques et les entreprises. Proposer une 6ème semaine de congés payés pour tous provoquerait instantanément une augmentation du coût du travail malgré les bienfaits de la mesure sur la consommation. Un point de blocage qui refroidit le gouvernement, soucieux de ne pas handicaper les entreprises françaises au sein d’un marché international toujours plus compétitif.
La 6ème de congés deviendra-t-elle un jour une norme en France ?
Loin d’être dans les plans du gouvernement pour 2022, la 6ème semaine de congés est un projet qui se voit régulièrement porté par certains candidats à la présidentielle, comme Jean-Luc Mélenchon en 2017. Des propositions ont également été lancées par les citoyens lors du grand débat national en 2019, sans provoquer de véritable écho sur le long terme.
Souvent caricaturée en projet déraisonné, la 6ème semaine de congés payés vise à s’appuyer sur la logique de l’automatisation nouvelle du travail, qui permet théoriquement aux entreprises de réduire le temps de présence nécessaire des employés, sans coûts supplémentaire. Les défenseurs de cette idée militent pour que les bénéfices de ces avancées technologiques bénéficient également aux employés. Mais la répartition semble aujourd’hui trop inégale, et il est clair que certains secteurs souffriraient plus que d’autres de l’arrivée d’une telle mesure.
En Europe, certains pays comme le Royaume-Uni et l’Estonie sont déjà passés avec succès à 28 jours de congés par an, plus très loin du compte. Il est difficile d’imaginer des changements en France dans les prochaines mois, mais la question pourrait bien revenir sur la table au cours des prochaines années…