Depuis le début du mois de mai, la banque américaine a fait sauter le plafond du nombre de congés annuels en interne. Et cette fois, ce sont les cadres dirigeants qui sont concernés.
Fortement critiquée pour son fonctionnement et ses conditions de travail, l’entreprise a réagi en catastrophe afin d’éviter une fuite des talents.
Des congés illimités… souvent limités par la charge de travail quotidienne
Le secteur de la finance est décidément un monde particulier. Bien souvent, les employés cumulent les heures supplémentaires, absorbent des charges de travail conséquentes, et subissent un stress quotidien normalisé. La nouvelle mesure mise en place par la Goldman Sachs a de quoi surprendre à première vue, mais elle a en réalité été déclenchée par une fronde en interne et par des pressions importantes venant des salariés.
Ces derniers avaient formulé des demandes qui pourraient paraître surréalistes. Ne pas travailler après 21h le vendredi, plafonner les semaines à 80 heures… un idéal encore bien loin du modèle des 35 heures françaises. Mais dans ce secteur, ces demandes sont presque la norme. Une étude réalisée en suivant 13 salariés de l’entreprise en 2021 avait révélé des conditions de travail exténuantes, et surtout une moyenne de 105 heures travaillées par salarié pendant la semaine précédant l’enquête. La publication de ce sondage avait déclenché de fortes protestations en interne, et avait grandement impacté l’image de marque et l’attractivité de l’entreprise.
La santé mentale des salariés en question
Alors que beaucoup d’entreprises hésitent à sauter le pas des congés illimités, par crainte d’assister à une augmentation drastique du taux d’absentéisme, Goldman Sachs fait face au problème inverse. La culture du travail intense est presque systématique dans les postes à hautes responsabilités du secteur, et si les contestations existent, le travail acharné reste la norme. Selon les témoignages récents, les horaires de travail déraisonnées sont très souvent auto-imposées par les employés noyés sous leur charge de travail. Et les burnouts ne sont plus vraiment des exceptions dans le milieu.
L’entreprise cherche ainsi à éviter tout nouveau bad buzz en affirmant publiquement prendre en considération la santé mentale de ses salariés. Il reste maintenant à voir comment ces congés illimités seront appliqués dans la pratique.
Bientôt un repos forcé pour les salariés ?
L’entreprise va même plus loin dans sa démarche. Consciente du problème, elle s’apprête à imposer en 2023 quinze jours de repos par an à ses employés. Des congés forcés, comprenant une semaine complète de déconnexion, avec pour objectif de freiner les obsessions des salariés pour la productivité. En mars dernier, des règles en interne avaient déjà été mises en place afin de bannir de travail le samedi. Cette réflexion en interne s’inscrit dans une démarche de responsabilisation, engagée par l’entreprise en urgence pour garder ses talents et renforcer l’attractivité de ses postes à hautes responsabilités.
Quand la charge de travail est trop conséquente, il est difficile de retenir les salariés sur de longues périodes. Et un taux de turnover élevé est presque systématiquement associé à une perte de rendement et à une baisse de productivité.